^ Photo de la biosphère de Montréal, par Brandon Sehl sur Unsplash, janvier 2020.
Bonjour,
Comment vas-tu ?
Au sommaire de ce mail :
l’interdiction du broyage des poussins vivants remise en cause par le gouvernement français
la COP15 sur la biodiversité
le financement de la destruction de la biosphère
la rénovation énergétique des bâtiments
une pépite radiophonique pour parler du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité, une pièce de Giulia Lombezzi
l’atelier Inventons nos vies bas carbone
le documentaire Cow en salle qui montre la vie de Luma
les sangliers dans l’actu
quelques actus food
et un vrac d'infos… avec des bonnes, aussi ;-)
À l'heure où on recommence à voir fleurir les articles sur la consommation d'animaux "écolo" pour Noël, un p'tit rappel qu'il n'y a rien d'écologique, soutenable et éthique à manger des animaux et des produits d'origine animale lorsqu'on peut faire autrement 🥰
Mais, d’abord, la colère de L214 : alors que la loi interdit le broyage et le gazage des poussins mâles vivants à partir du 1er janvier prochain, le gouvernement envisage des exceptions qui rendraient la loi caduque !
L214 a lancé une pétition ici. Oui, en France, il faut une pétition pour demander au gouvernement de respecter la loi. La député de la Haute-Garonne Anne Stambach-Terrenoir répond aux questions de Sciences et avenir et note notamment que “l’Allemagne, qui est le deuxième producteur d’œufs en Europe (juste derrière la France), a déjà généralisé l’ovosexage et interdit le broyage des poussins mâles depuis le 1er janvier 2022.” L’argument de la concurrence est donc sans objet.
COP15 sur la biodiversité à Montréal
La COP15 a débuté mercredi dernier et se déroule jusqu’au 19 décembre. L’ambition est que cette COP accouche d’un texte aussi ambitieux qu’à pu être l’Accord de Paris pour le climat. Les représentants des Etats sont là, la société civile aussi Mais comment sont entendus les principaux concernés, les autres animaux ?
“L’humanité est devenue une arme de destruction massive. (…) Nous nous suicidons par procuration.”
António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, mardi 6 décembre
À voir aussi cette superbe dataviz, ou long format, de France info sur les espèces qui peuvent disparaître près de chez nous. En Occitanie, parmi les 558 espèces menacées, il y a le desman des Pyrénées !
La société civile demande de remettre en cause un système économique basé sur la croissance.
Sur Mediapart, Romaric Godin nous dit que la COP 15 pourrait “promouvoir un mécanisme global de compensation des atteintes à la biodiversité par leur marchandisation.” Le problème, évidemment, c’est que si tu tues un animal à un endroit du globe, tu ne peux pas le compenser en en faisant naître un autre ailleurs qui pourrait rendre le même “service”.
Vert a rencontré des jeunes qui participaient au Forum mondial de la jeunesse sur la biodiversité en amont de la COP15.
Et pendant ce temps…
Le ministre français de l’Agriculture est favorable à une nouvelle dérogation pour les néonicotinoïdes en 2023. Le Télégramme souligne que les néonicotinoïdes sont des “substances qui contribuent au déclin massif des colonies d’abeilles”.
George Monbiot se demande dans le Guardian “why is your money funding Earth’s destruction?” en rappelant notamment, par exemple, que, pour la pêche en 2018, les Etats ont dépensé 35 milliards de dollars, dont 80% pour la pêche industrielle.
Fonds verts pervers
Ce n’est certainement pas la couverture de la COP 15 qui a caché cette enquête. Alors Arrêt sur image s’interroge : ”Comment expliquer qu'une enquête collaborative européenne sur des milliers de milliards d'investissements dans la finance "verte", dévoilant qu'une bonne partie des produits d'épargne (par exemple en assurance-vie) censés être durables finançaient en réalité aussi des activités très polluantes telles que les secteurs miniers et pétroliers, ait pu connaître un si faible retentissement médiatique?” La vidéo est en accès libre. En France, selon Le Monde, les fonds “verts” représentent, en France, 2000 milliards d’euros et la moitié des fonds “super verts” investissent dans les énergies fossiles.
Et en plus de ça…
“Au lieu de réduire drastiquement leur production de pétrole et de gaz, les producteurs d’énergie font l’inverse et continuent à miser sur des projets incompatibles avec l’accord de Paris, selon un rapport de Carbon Tracker publié ce jeudi.” À lire dans Libé.
“Les banques françaises ont fourni plus de 743 millions d’euros à des géants de l’agroalimentaire responsables de la déforestation au Brésil au cours des dix dernières années. En tête de ces établissements : la BNP Paribas.” À lire dans disclose.
Mensonges toujours…
Jeudi, le collectif Dernière rénovation a bloqué les Champs-Élysées à Paris et le périphérique à Toulouse. Vendredi, c’était le tunnel du Montblanc, épaulés par Ultima Generazione côté Aoste.
Dernière rénovation demande l’isolation des logements, pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et permettre aux résidents de limiter l’augmentation de leurs factures énergétiques. Quand climat, réduction de notre dépendance aux énergies fossiles, emplois et justice sociale vont ensemble, cela pourrait avancer, non ?
France culture écrit : “En finir avec les passoires thermiques en 10 ans, c'était l'objectif que s'était fixé le gouvernement en 2017. Bilan à mi-parcours : il faudrait 100 ans pour y arriver au rythme actuel des rénovations réelles.“ L'Assemblée nationale avait voté 12 milliards de crédits supplémentaires fin octobre. Mais le gouvernement a supprimé ce vote avec un 49.3, relève le Huffington Post.
Coup de théâtre
« Les conséquences du réchauffement climatique » de Giulia Lombezzi est une claque. Evidemment, cette pièce en un acte traite des conséquences du changement climatique, mais, surtout, des visions différentes des membres d’une famille, entre des parents cinquantenaires, Carla et Renato, qui veulent vivre sans avoir à gérer les conséquences de leurs actes, n’ayant plus beaucoup de temps pour en profiter, et une fille, Olivia, adolescente, militante climat depuis les grèves de Greta Thunberg, qui voit l’effondrement de la biodiversité, la souffrance des animaux, sans pouvoir se projeter dans un avenir. Il y a, me semble-t-il, tout le hiatus entre la génération X (la mienne, celle après les boomers, qui n’a pas vécu les “30 glorieuses”) et la génération climat. La fin est glaçante, façon de parler.
J’ai vu cette pièce en un acte il y a quelques jours, mais la compagnie de la section d’italien de l’Université Toulouse Jean-Jaurès, I Chiassosi, a enregistré une version radiophonique de la pièce, en français et de seulement 27 minutes. Tu peux donc l’écouter aussi ! On en parle après ? Il y a, en plus, une belle illustration de la surcharge mentale des femmes.
Mais du coup on fait comment ?
L’atelier Inventons nos vies bas carbone permet de visualiser ce que représentent nos émissions actuelles, ce que sont les 2 tonnes d’émissions de CO2 que nous devons atteindre. Des chiffres, pas de morale, des choix à faire selon le style de vie de chacun.
L’atelier se déroule en 2h et c’est intéressant de le faire, d’échanger en groupe. Si tu ne l’as pas déjà fait, je te conseille de t’inscrire à une session ;-)
La vidéo ci-après résume bien l'atelier.
Il existe aussi plein de fresques qui se complètent. Je ne les ai pas encore faites.
En bonus sur le climat
Geo fait de rapides portraits de Joseph Fourrier, Eunice Newton Foote, John Tyndall, Svante Arrhenius et Guy Callendar, chercheurs et chercheuse (oui, il y a une femme !) qui nous ont permis de comprendre les gaz à effet de serre, et donc le changement climatique, depuis 2 siècles.
Vert a interviewé Kaïna Privet, docteure en écologie et membre de Scientist rebellion : « On a moins peur d’aller en prison que de la crise climatique »
La vie de Luma au cinéma
Le documentaire «Cow», sorti fin novembre dans quelques salles en France, donne à voir la vie quotidienne d’une vache laitière dans une ferme britannique. Anaïs Bordages écrit dans Slate : “Tantôt brutal, tantôt lyrique, ce portrait bovin montre la manière dont les vaches comme Luma sont fécondées à répétition, puis séparées de leurs veaux, pour produire le lait que nous buvons.”
Les sangliers n’avaient rien demandé
Un chasseur s’est filmé demandant à son fils de tuer un sanglier à coups de couteau. Pierre Rigaux, qui a redifusé la vidéo, a porté plainte pour acte de cruauté. Il n’y aurait pas aussi une question d’éducation ?
Dans la Drôme, les chasseurs se plaignent que des loups attaquent les sangliers car ils ne peuvent plus les chasser… Ils veulent donc pouvoir chasser les loups qui chassent les sangliers, pour pouvoir chasser les sangliers qui sont trop nombreux s’ils ne sont pas chassés. Tout. Va. Bien.
À lire dans le journal du CNRS, l’interview de Raphaël Mathevet, écologue et géographe : « L’humain a créé les conditions de la surpopulation de sangliers »
Food
Picard lance son foie gras végane et un menu de fêtes végétalien pour 12,16 € par personne
La start-up Umiami va produire ses steaks à base de plantes dans un ancien site de production de soupes que le groupe Unilever avait fermé il y a un an dans le Bas-Rhin. Quand on dit la viande végétale représente l'avenir ;-)
Épicer les plats peut améliorer ta santé, manger des cacahouètes grillées non salées aussi.
En vrac
Deal ! Il y a un accord européen pour interdire l’importation de produits issus de la déforestation ! Cela concerne la viande bovine, le cacao, le café, l’huile de palme ou le soja (ce soja-là est pour l’alimentation du bétail, pas celui des végans, si tu t’inquiètes pour moi). À lire sur Le Monde.
Expérimentation animale : Des étudiantes en master d’écophysiologie, écologie et éthologie, à Strasbourg, ont refusé de poser des sondes dans l’abdomen de hamsters. Elles y voient un acte illégal et contraire à leur éthique, et dénoncent la note de 0/20 qui leur a été promise. À lire dans Le Monde (accès payant).
La société Neuralink d'Elon Musk, spécialisée dans les appareils médicaux, fait l'objet d'une enquête fédérale pour violation potentielle de la législation sur le bien-être des animaux. Rolling Stone écrit : “Selon les sources et les dossiers examinés par Reuters, le nombre total d’animaux tués dans le cadre des recherches de Neuralink depuis 2018 est probablement d’environ 1 500, dont environ 280 porcs, moutons et primates. L’entreprise a également mené des recherches avec des rongeurs.” Plus d’infos sur développez.
Un nouvel écosystème a été découvert au Groenland, vieux de 2 millions d’années. Forêt boréale, oiseaux, rennes, lièvres, mastodontes. L’ADN fait des merveilles :) À lire dans Nature (en anglais). Et sur Le Monde la vue d’artiste :)
Au Kenya, une sécheresse d’une intensité inédite décime éléphants, gnous, zèbres et girafes.
Un trafiquant de chardonnerets a été condamné à 18 mois de prison ferme.
Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. Merci d’avoir lu jusqu’ici et j’espère que tu auras découvert deux ou trois infos dont tu pourras te servir.
Passe un bon week-end !
Philippe