La COP15, un moyen de réduire les souffrances ?
Quelques infos avant les repas de fin d'année.
Photo de Mithil Girish sur Unsplash
Hello !
Commençons par cela : cela fait 14 ans que je suis sur Twitter. Mais je ne follow plus. Je me suis désabonné de tous les comptes que je suivais, sauf celui de Mastodon.
En quelques heures, j’ai vu des communautés, des groupes, des périodes de mon passé disparaître de ma timeline. Je suis passé de presque 7000 comptes suivis à 1. Ce n’est pas qu’ils n’étaient pas intéressants, mais Twitter est maintenant le site de l’extrême droite. Marie Peltier écrivait hier :
« Rester sur Twitter est désormais intenable. Je ne comprends guère comment on peut encore à ce stade penser une seconde qu’on puisse y mener des luttes d’émancipation.
Reste le problème de l’addiction à cette plateforme, qui est en réalité la vraie raison pour laquelle beaucoup n’arrivent pas à décrocher. »
Résumé des derniers événements :
Elon Musk a suspendu le compte Mastodon sur Twitter et refusé les liens qui pointent vers Mastodon. Numérama résume l’information avec le titre : “On ne peut plus partager de lien vers Mastodon sur Twitter, parce qu’Elon Musk a vrillé”. Ce matin, le compte Mastodon est à nouveau accessible, mais c’est toujours du fait du prince.
Elon Musk a suspendu le compte Twitter qui indiquait les déplacements de son jet. Jack Sweeney dit “Elon gave me no warning.... plus he suspended all of my accounts, half of which track aircraft (NASA aircraft, experimental aircraft, weather, airforce etc). not people including my personal”. @elonjet est maintenant sur Mastodon.
Elon Musk a suspendu les comptes de journalistes de Twitter qui parlaient de l’info précédente. L’Union européenne envisage des sanctions. À lire dans le Temps. France inter disait ce matin que les comptes sont revenus suite à la levée de boucliers.
Elon Musk a fermé l’ensemble des Twitter Spaces suite à ce que des journalistes bannis aient réussi à s’y connecter, rapporte Techcrunch.
Ce Twitter que j’ai connu au cours de ces années n’existe plus. Dans un long post, Louis Derrac développe l’idée que
« Twitter est (déjà) devenu le nouveau Truth Social. Sauf qu’il compte toujours plus de 200 millions d’utilisateurs, là où le réseau créé par Donald Trump n’a jamais réussi à décoller »
Louis Derrac écrit aussi :
« Partir était un choix militant. Je pense que c’est devenu un choix moral. »
Rester sur Twitter, c’est permettre à Twitter d’avoir de la valeur et des revenus. Heureusement, il y a Mastodon et le fédivers. Steph constatait hier qu’il a “vu passer plus d'infos intéressantes sur Mastodon que sur Twitter.”
Sinon, à part ça, comme ça va ? On arrive sur la période des fêtes, et elle ne l’est pas pour quantité d’animaux. Pourtant, il est possible de se régaler avec des plats 100% végétaux. Et, c’est bon pour la planète, la santé des humains… et celle des animaux concernés !
En parlant des repas…
Bonpote a mis en ligne un outil pour savoir quoi répondre aux arguments des sceptiques qui ne manqueront pas d’apparaître dans les discussions de fin d’année. Le passage en discussion infinie est très pratique !
Extinction Rebellion dresse un tableau de la crise du vivant, avec les cadeaux accordés aux pollueurs et tueurs par les collectivités publiques, y compris en étant condamnées. Avec notre argent, donc.
Par ces temps froids, je nourris les oiseaux sur ma terrasse : mélange de graines oiseaux du ciel (dans tous les supermarchés) pour les tourterelles, noix de cajou concassées pour les pies et miettes de pain fines ramassées sur la table pour les passereaux qui mangent aussi des petites graines. Les pies mangent également des graines de tournesol.
C'est très amusant de voir les tourterelles gonfler les plumes quand les pies approchent, elles doublent quasiment de volume.
Insectes
Si j’ai mis la photo d’un moustique en illustration de ce mail, c’est que, dans le Parisien, la journaliste Axelle Playoust-Braure pose la question de la souffrance et de la sentience des insectes en relayant les résultats d’une revue systématique de littérature scientifique.
“Il existe des preuves solides que certains insectes ressentent la souffrance au stade adulte – notamment les mouches, les moustiques, les termites et les cafards.”
Au vu de cela, l’usage de pesticides, et notamment les insecticides, devrait être questionnée. La Terre au carré, sur France Inter, y a consacré une émission avec pour titre “Pesticides : un déni organisé”. France bleu a interviewé François Dedieu, sociologue à l’INRAE, enseignant et auteur du livre "Pesticides” aux éditions du Seuil pour réfléchir à leur fin. La radio souligne que “les pesticides étant destinés à détruire des organismes vivants, ils sont donc susceptibles d’avoir des effets sur la santé humaine et l’environnement.” Tu m’étonnes. Pourtant, moins de pesticides dans les grandes cultures, c’est possible !
Une étude, lit-on dans le Guardian, montre que le nombre d’insectes écrasés sur les plaques d’immatriculation en Grande-Bretagne a chuté de 64% entre 2004 et 2022.
La transition est malheureusement toute trouvée car j’ai entendu ce matin sur France inter qu’il n’y aurait pas d’accord, à Montréal, sur les pesticides.
La COP15 n’est pas finie
L'interview du président du Museum d'histoire naturelle dans Libé, à propos de la crise de la biodiversité, est sans langue de bois :
"C’est une crise imperceptible, parce que nous avons une mémoire de poisson rouge et que nous avons perdu le sens de l’observation. mais le suivi scientifique des populations permet d’établir si elles sont en déclin. "
(Par contre, rappelons que les poissons rouges, qui peuvent vivre jusqu’à 50 ans, ont bien une mémoire à long terme ! Plus d’infos.)
Il reste un gros week-end de négociations à Montréal. Baptiste Lanaspèze, fondateur de la maison d'edition Wildproject, donne une interview à Reporterre et dit notamment, propos de la COP15 :
"il ne s’agit pas tant de multiplier les endroits qui protègent la nature, mais plutôt que les humains cessent de s’étaler partout.”
Interview à lire, surtout si on n’est pas d’accord ;-)
Mais comment faire cela ?
Peut-être que la solution est de laisser des espaces gérés par les peuples autochtones. Nadia Belaïdi, chercheuse au CNRS en éco-anthropologie dit dans Vert :
« Les peuples autochtones ne pensent pas la nature comme une ressource, mais comme une relation fraternelle. Au-delà de la solidarité ou de l’harmonie, c’est une relation intime entre l’humain et la nature. Il n’y a pas de dissociation entre nature et humain, donc pas de domination ».
Dans Libé, Fiore Longo, responsable de recherche et de plaidoyer au sein de l’ONG Survival International dit :
«Il ne peut y avoir d’accord pour sauver la nature sans l’inclusion des peuples autochtones et des communautés locales.»
Il y a aussi la possibilité de donner un statut juridique à des éléments naturels, comme le fleuve Saint-Laurent au Canada. Libération écrit : “Aujourd’hui, un Québécois qui souhaite déposer une plainte pour une atteinte à l’environnement doit être directement ciblé par cette dégradation, au nom du principe du «droit à un environnement sain». Si le Saint-Laurent obtenait le statut de personnalité juridique, comme la rivière Whanganui en Nouvelle-Zélande, ou la rivière Turag au Bangladesh, ses représentants pourraient directement contester des projets industriels qui menacent son intégrité.”
Aider les pays du sud
Un des objectifs de la COP15 est le financement d’un fonds pour aider les pays du sud. L’argent doit venir des pays riches. Pierre W. Johnson indique :
“Pendant ce temps à Montréal. Des nouvelles de la COP15 biodiversité et elles ne sont pas bonnes. Discussions bloquées. Macron discrètement aux coulisses pour s’opposer au financement des pays du Sud.
Pas grand chose dans les médias :/”
La Nouvelle union rapporte pourtant que Virginijus Sinkevicus, commissaire européen à l’environnement, aux océans et à la pêche (bon, du coup, ça biaise, on est d’accord…) refuse un nouveau fonds, alors qu’Emmanuel Macron a écrit à l’Union européenne pour dire qu’un nouveau fonds était une “ligne rouge”. Il existe déjà depuis 1991 le Fonds pour l’environnement mondial (FEM, (ou en anglais Global Environment Facility, GEF), mais il ne fonctionne pas. Flora Mokgohloa, directrice générale adjointe pour la biodiversité et la conservation en Afrique du Sud, rapportée par la Nouvelle union dit : “Ce que l’autre côté nous propose, c’est ce qui a toujours été là — et ça n’a pas fonctionné, nous n’avons pas atteint les bons objectifs.”
Et en même temps…
La COP15, c'est aussi intéressant parce que les journaux font beaucoup de papiers sur la protection de la biodiversité ou notre rapport à l'écologie.
France info met ainsi en valeur Curitiba, au Brésil, qui développe des projets en agriculture urbaine, avec notamment un centre de formation qui enseigne les options possibles de cultures : en appartement, sur un bout de balcon, dans les potagers...
France info fait aussi un papier sur le caribou forestier tué à petit feu par l'industrie du bois au Québec, en détruisant son habitat.
Mais, si dire ce qui a lieu est intéressant, il nous faut aussi des nouveaux récits. Au cinéma ou à la télévision, c'est comme si la crise écologique n'existait pas, constate Télérama. Comment l'intégrer aux fictions ?
Pendant ce temps, l’Ukraine.
La tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie dure depuis presque 10 mois et les humains ne sont pas les seuls à être touchés. Le professeur Bayram Öztürk, président de la Fondation turque pour la recherche marine (Tudav) et directeur du département de biologie marine de l'Université d'Istanbul, plaide pour la mise en place d'un "corridor écologique" en mer Noire afin de protéger les dauphins et l'écosystème de la région, apprend-on dans une dépêche AFP. "La guerre devrait être interrompue dans cette zone au moins pendant deux ou trois mois, entre janvier et avril, pendant la période de migration des dauphins."
L’année 2022 : une bonne année pour le véganisme, pas encore pour les animaux
Avec la fin de l’année, arrivent les rétrospectives. Klaus Mitchell fait celle de l’année végane (vidéo ci-dessous). Il y a des progrès énormes en cours, et il faut voir cela. Mais ne pas oublier ce qu’il se passe dans les élevages, aussi. Cependant, le véganisme est une des réponses aux “maladies de civilisation”, à la crise climatique et au développement des zoonoses.
Il est intéressant de noter que Ryuji Chua précise, lors d’une TEDx, que la crise climatique est un problème, car elle cause de la souffrance pour tous les individus, humains ou non-humains. Les études montrent que le changement climatique va provoquer l’extinction d’espèces en cascade.
Tout est interconnecté :
le véganisme comme réponse au changement climatique,
la lutte contre le changement climatique pour réduire les souffrances.
La bonne nouvelle de la semaine
L’Europe s’est mis d’accord, mardi, pour une taxe carbone. Bon, comme c’est européen, c’est un “mécanisme d’ajustement carbone aux frontières”, mais c’est pareil. Pour le moment, ce sont les matières premières comme l’acier, l’aluminium, le ciment, l’engrais, l’électricité. Il faut bien commencer quelque part. “Concrètement, les importateurs vont devoir acheter des certificats d'émission basés sur le prix du carbone qu'ils auraient dû acquitter si les biens avaient été produits dans l'UE”, disent Les Echos.
Montée des eaux
Cette fois, ce n’est plus de la fiction. En 2023, 1200 membres du peuple autochtone Guna vont devoir abandonner leur île Gardi Sugdub, au Panama. D’autres îles des Caraïbes seront bientôt concernés dans les prochaines années, nous dit Slate. Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose d’injuste que ce ne soit pas nous qui payons le déménagement, puisque c’est nous, par notre mode de vie, qui faisons monter le niveau des océans ?
La pétition du moment
Demander une mission d’information parlementaire sur l’utilisation de méthodes non animales dans la recherche. Ce n’est pas beaucoup, mais c’est un début.
Sur le site du Sénat jusqu’au 30 avril.
C’est tout pour cette semaine. Passe un bon week-end !
Philippe
Allez dans quatre dodos les jours rallongent.