Salut !
Avec le passage chez Substack, j’ai perdu la possibilité de t’appeler par ton prénom. Ça m’emmerde un peu, pour tout t’avouer. Je n’ai pas envie que ce mail devienne impersonnel.
Par contre, et c’est plutôt cool, le backoffice de Substack est mobile friendly. C’est peut-être un détail pour toi, mais ça veut dire que je ne serai pas obligé d’avoir mon PC pour écrire ! Avec les températures actuelles en ville (Médiapart fait un topo sur ce que font les villes, ou pas, pour s’adapter aux canicules), je t’assure qu’il y a là une question de bien-être à ne pas négliger. Oui, parce que j’ai eu froid en bivouaquant cette semaine ! Mais j’ai aussi vu ma première étoile filante de l’été, en attendant la pluie qui aura lieu du 25 juillet au 25 août :-) Et toi, tu as une stratégie contre la canicule ? Attention : l’alcool ne peut pas en faire partie ;-)
Au passage, toi et moi, nous avons la chance de pouvoir avoir une telle stratégie. Ce n’est pas le cas pour la majorité des animaux d’élevage qui subissent la chaleur. Ce n’est pas le cas pour les animaux qui vivent dans les forêts qui brûlent. Si, comme le dit le climatologue Christophe Cassou « Cette canicule est un avant-goût de notre futur », il va falloir faire quelque chose. Même si, avec la chaleur, notre cerveau ralentit.
“Utilisation durable des espèces sauvages”
Le titre n’est pas de moi. C’est celui du nouveau rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques ). Tu imagines bien que je suis fortement dérangé par l’idée qu’on puisse utiliser de manière “durable” des millions d’êtres sentients sous prétexte que ce sont des poissons, des oiseaux… J’y reviens bientôt.
Le rapport traite des 50 000 espèces sauvages, plantes ou animaux non-humains, dont l’humanité dépendrait.
La nature n’est pas une marchandise. Il faut comprendre ici que la “nature” est le lieu de vie des espèces dites sauvages, même si l’éthologie nous apprend par ailleurs que les espèces animales peuvent être sociales, avoir des hiérarchies, des cultures, bref n’être en rien “sauvages”. On parle de nature comme on peut parler de forêt alors que, si des arbres et d’autres plantes y poussent, des animaux y vivent aussi.
Mais revenons sur cette idée que la nature ne peut pas être considérée comme une marchandise : "L'idée n'est pas de demander à tout le monde se comporter comme des animistes, mais de se rendre compte qu'il y a des modes de pensée qui respectent mieux la nature que nous, comme ceux des peuples autochtones" dit Philippe Grandcolas, observateur pour le CNRS auprès de l'IPBES dans l’article de Franceinfo. Alors, certes, rien ne prouve l’existence d’une âme : pas plus dans un objet, une plante, un effet météorologique, que chez un être humain. Il est donc raisonnable de penser que les âmes n’existent pas. Par contre, les animaux, humains ou non, sont tous capables d’une expérience subjective, de ressentir plaisir et souffrance. A minima on devrait en tenir compte, me semble-t-il. Entre l’animisme et le spécisme il y a le sentientisme.“Le tableau dressé par les scientifiques est accablant particulièrement pour les populations les plus pauvres.”, souligne Novéthic : "70% des pauvres dans le monde dépendent directement des espèces sauvages", 2,4 milliards de personnes dépendant du bois pour cuisiner, explique Marla Emery, coauteure du rapport. Natura Sciences d’écrire : “À ce jour, les experts comptent un million d’espèces de plantes et d’animaux menacées d’extinction. La plupart des populations rurales restent contraintes d’utiliser de manière non durable certaines espèces pour assurer leur survie. « Les populations rurales des pays en développement [soit environ 45% de la population mondiale, ndlr] sont les plus exposées au risque d’une utilisation non durable. L’absence d’alternatives complémentaires les contraint souvent à exploiter davantage les espèces sauvages déjà en danger », a déclaré Jean-Marc Fromentin, coprésident de l’évaluation.
Les scientifiques, rapportés par Novéthic, de conclure :
"L'illusion que l'humanité pourrait exister séparément ou en maîtrisant le reste de la nature (...) a conduit à des crises environnementales majeures, comme le changement climatique et le déclin de la biodiversité".
Suivre son impact carbone.
Je te le disais la semaine dernière, en plus de Dunia, j’ai commencé à utiliser Carbo pour suivre mes émissions de gaz à effet de serre. C’est, à mon avis, utile de mesurer son impact carbone car, sinon, il est impossible de savoir si ce qu’on fait est pertinent ou non. Mais c’est aussi utile d’avoir des applications ludiques pour lutter contre le principal biais de notre cerveau : la recheche de plaisir, de dopamine. Parce que l’inaction climatique commence à coûter cher : le coût des intempéries qui ont touché l’Hexagone depuis le mois de mai est estimé à 3,9 milliards d’euros par les assureurs (et c’est sans les feux gigantesques actuels en Gironde !). Imagine si cet argent avait été utilisé, en amont, pour prévenir le changement climatique…
Bref, je commence à voir les différences et points communs entre les 2 applications :
Carbo, comme Dunia, a des lenteurs sur la synchronisation. Mais, là où l’appli Dunia rame parfois, c’est les données qui ne sont pas importées sur Carbo alors que la synchronisation est censée être ok. (Il suffit de resychroniser via Bridge pour réimporter les données.)
La grosse différence est surtout l’impact carbone mesuré. Entre Carbo et Dunia, il y a une différence de un à 3. Les mesures de Carbo sont beaucoup plus plaisantes pour moi, certes, mais ce sont celles de Dunia qui ressemblent le plus à celles du simulateur de l’Ademe. C’est peut-être dû aux émissions du service public qu’intègre l’Ademe. Et pour toi ?
Carbo et Dunia catégorisent aussi les dépenses différemment. Alors que, sur Dunia, le principal indicateur que je dois réduire correspond à l’alimentation, sur Carbo, ce sont les dépenses de loisirs, où sont les assurances et la mutuelle (LOL, non ce n’est pas du loisirs !). Il y a encore des choses à affiner. Mais, et c’est la première fois que j’ai ça cette semaine, l’Ademe juge plus efficace que j’essaie d’aider d’autres personnes à diminuer leurs émissions plutôt qu’à essayer de gratter mes tonnes supplémentaires. D’ailleurs, sais-tu quel est le meilleur investissement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ? La viande végétale ! Ce n’est pas moi qui le dit, évidemment !
The report from the Boston Consulting Group (BCG) found that, for each dollar, investment in improving and scaling up the production of meat and dairy alternatives resulted in three times more greenhouse gas reductions compared with investment in green cement technology, seven times more than green buildings and 11 times more than zero-emission cars.
Je traduis, surtout parce que ça fait plaisir de le dire une 2ème fois : “pour chaque dollar investi, l'amélioration et l'intensification de la production de substituts de viande et de produits laitiers entraîne trois fois plus de réductions de gaz à effet de serre que l'investissement dans la technologie du ciment vert, sept fois plus que bâtiments écologiques et 11 fois plus que les voitures zéro émission.”
A lire, en anglais, dans The Guardian. Tom Bry-Chevalier, Nicolas Treich et Romain Espinosa reviennent aussi sur le sujet dans un long et passionnant article : Les viandes alternatives sont-elles plus vertueuses que la viande d’élevage ?
Puisqu’on parle d’arrêter de buter des animaux pour rien, je me dis qu’il serait intéressant d’avoir le même type d’applications que Carbo ou Dunia pour savoir quel est notre impact sur la vie des autres êtres sentients.
Je vais pouvoir aller récupérer ma pagaie
Non, je déconne. Je ne vais pas y aller. Mais quand j’étais môme j’ai bien perdu une pagaie dans les gorges du Verdon. Aujourd’hui, sur le lac de Sainte-Croix, l’eau a reculé de 80 à 100 mètres en certains endroits. Les images sont impressionnantes. Cela modifie les activités humaines…. mais aussi la vie des animaux non-humains qui dépendaient de l’eau, pour y vivre, ou pour y boire.
Le monde change, un peu, en bien, quand même.
“Normal ou avec de la viande ?” : Tous les produits Burger King sont végétaliens dans une expérience autrichienne. La viande doit être demandée spécifiquement.
“À New York, le collectif White Roof Project a tenté l’expérience de repeindre en blanc les toits d’un quartier entier. Résultat saisissant. En augmentant l’albédo du bâti (la capacité de réflexion des rayons solaires des toitures), la température moyenne à l’intérieur des immeubles est passée de 46 °C à 26 °C quand la température extérieure frôlait les 32 °C.” A lire avec d’autres solutions dans l’Huma.
L'aéroport d’Amsterdam-Schiphol, troisième plus gros aéroport d'Europe, a annoncé fin juin qu'il limiterait son nombre de vols à partir de l'année prochaine pour réduire la pollution. Une première.
Pétition
Greenpeace lance une pétition pour demander l’interdiction de la déforestation. L’idée est bonne. 80% de la déforestation est liée à l’agriculture. Greenpeace écrit “Si nos gestes du quotidien ont un impact, ils ne seront pas suffisants.” Certes, mais le premier geste devrait être d’avoir une alimentation 100% végétale. Ce ne serait pas suffisant, mais ce serait un début. Chaque fois que nous ne mangeons pas une personne, cela impacte sa vie.
Politique et énergie
Bruxelles s'inquiète du respect des règles sur le lobbying en France (et le rapport a été écrit avant les révélations des Uber Files !)
À l’inverse de la France, qui reste dans une interprétation très productiviste de la PAC, la traduction allemande du cadre européen introduit de nouvelles mesures pour promouvoir l’agriculture écologique. Chargé de cette politique, le Vert Cem Özdemir est un végétarien revendiqué.
En Australie, la répression sans limites des militants écologistes
Amazonie : "La destruction avance plus vite que le savoir", déplore Francisco Farronay, botaniste qui craint de voir des espèces disparaître avant même d'être connues à cause de la déforestation.
California cities ban new gas stations in battle to combat climate change
L'Espagne annonce une taxe exceptionnelle sur les groupes énergétiques et les banques
Des liens qu’on lit
Leucémies aiguës chez les enfants : l'Inserm fait le lien avec l'usage des pesticides dans les vignes. “L’étude Géocap-agri apporte des précisions concernant l’importance de la proximité des cultures dans l’apparition des maladies : dans un rayon d’un kilomètre autour de leur maison, plus il y a de vignes, plus le risque de leucémie aiguë chez l’enfant augmente. Or, la réglementation ne préconise que 3 à 10 mètres de zones non traitées afin de protéger les riverains.” dit Reporterre.
«Dès que ca pète, c’est panique à bord» : les feux d’artifice, un calvaire pour les animaux
Quels sont aujourd’hui les principaux leviers pour pallier l’appauvrissement et l’érosion des terres agricoles ? L’agriculture « régénérative » plante les graines de nouveaux modes plus durables de travail des sols. Enquête auprès des scientifiques du centre Occitanie-Toulouse de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE).
Avant de te quitter : j’ai regonflé les pneus du vélo cette semaine. Avec la chaleur, il se dégonfle car l’air se dilate et l’oxygène quitte la chambre. (source) Bien penser à vérifier régulèrement la pression en cette période caniculaire ! C’est tout pour ce matin. Bon petit-déj’ et bon week-end !
Philippe
P.S. : Cette newsletter a été écrite en écoutant la prodige Lucie Horsch, meilleure découverte musicale de la semaine, merci France inter !